La microscopie en super résolution, ou nanoscopie, s’affranchit de la limite de résolution des microscopes optiques à fluorescence traditionnels. Elle permet de visualiser dans des cellules des structures beaucoup plus fines (de taille inférieure à 200 nanomètres), de localiser des molécules individuelles (protéines...) et a valu à ses inventeurs le prix Nobel de chimie en 2014. Mais les nanoscopes proposés aujourd’hui aux laboratoires sont complexes à mettre en œuvre et imposent des séquences longues et délicates de préparation de l’échantillon, d’expérimentation et d’analyse des images. Pour démocratiser l’usage de ce nouvel instrument au service de la recherche en biologie et pharmacologie, la start-up Abbelight, née d’une collaboration entre l’Institut des sciences moléculaires d’Orsay et l’Institut Langevin,propose un ensemble de produits et de services qui simplifient l’accès à la nanoscopie. Abbelight commercialise également une technologie développée à l’Institut des sciences moléculaires d’Orsay, qui transforme un microscope en nanoscope 3D, en mesurant la position axiale absolue des molécules par rapport à la surface de la lamelle avec une précision de 15 nanomètres.
« La mise en œuvre de la nanoscopie demande des compétences multidisciplinaires (chimie, physique, biologie, logiciel...). Nous avons l’avantage de couvrir tout ce champ d’expertises », affirme Jean-Baptiste Marie, président d’Abbelight, fondée en 2016.
L’offre de la start-up, destinée aux laboratoires de biologie publics et privés, comprend un kit de préparation des échantillons, un logiciel d’acquisition et d’analyses d’images, et des services pour accompagner les chercheurs dans leur projet de nanoscopie. Abbelight a également développé des prototypes de son nanoscope 3D dans le cadre d’un projet de maturation soutenu par la Satt Paris-Saclay. Le nanoscope 3D ouvre la voie à de nouvelles recherches en biologie et pharmacologie, par exemple pour étudier la délivrance d’un médicament dans une cellule à travers sa membrane. Il a déjà été installé dans un laboratoire de recherche de Sanofi, et à l’Institut de pharmacologie et de biologie structurale.
Grâce à une levée de fonds d’un million d’euros, la start-up a pu recruter – elle compte aujourd’hui quinze personnes - et s’équiper en moyens de démonstration. Des démonstrations devraient être réalisées dans une quarantaine de laboratoires (les deux tiers à l’international) dans les douze prochains mois. Sur la même période Abbelight espère vendre une douzaine de ses nanoscopes.